Vers un développement économique durable : l’approche des forêts modèles

août 25, 2003 | Written BY : admin_test

Dans les cercles de la foresterie, on considère en général que la conservation de l’environnement et le progrès économique sont diamétralement opposés : les initiatives de conservation font fréquemment l’objet d’opposition de crainte qu’elles ne détériorent les possibilités de subsistance et vice versa. Or, il ne devrait pas en être ainsi. Comme les forêts modèles l’ont prouvé, la recherche de perspectives économiques et de sources de revenus de rechange doit en fait renforcer la gestion durable des forêts en créant des partenariats mutuellement bénéfiques entre l’industrie forestière, les collectivités et les protecteurs de l’environnement aux intérêts souvent contradictoires.

« Jusqu’à présent, plusieurs initiatives de conservation visaient essentiellement à protéger une zone en particulier, sa biodiversité ou d’autres aspects dans un cadre assez restreint » a signalé Peter Besseau, le directeur exécutif du Secrétariat du Réseau international de forêts modèles (SRIFM). « Les forêts modèles examinent la situation d’une façon holistique et reconnaissent que les collectivités sont des éléments vivants d’un écosystème. Aussi, devons-nous trouver des moyens pour répondre à leurs aspirations légitimes à une vie décente. »

À cette fin, les forêts modèles font participer les collectivités dans la protection de l’environnement de façon constructive, de façon qui leur est pertinente et qui les aide à subvenir à leurs besoins existants ainsi qu’à assurer leurs sources de revenus et à y trouver des solutions de rechange plus durables.

« Dans plusieurs cas, les solutions viables sont celles qui sont axées sur des moyens dont les gens connaissent le fonctionnement, celles qui comportent des ressources auxquelles ils ont, d’une certaine façon, déjà accès » a ajouté Besseau. « Les forêts modèles améliorent la qualité d’utilisation et les produits finaux. Elles ne visent pas à créer des solutions miracles. Il s’agit plutôt d’un processus progressif d’évaluation des ressources, de renforcement des capacités au sein des collectivités et de ce que l’on peut raisonnablement en tirer. »

En ce faisant, les forêts modèles favorisent et édifient une compréhension commune du développement durable dans leur propre contexte.

Par ailleurs, en offrant un forum neutre et rassurant, les forêts modèles encouragent un processus participatoire qui stimule la recherche de nouvelles solutions en vue du développement économique, et cela dans l’intérêt des particuliers, des collectivités et d’autres parties concernées, tout en poursuivant le but de la gestion durable des forêts.

Les partenariats des forêts modèles s’emploient à traduire les dimensions environnementales, sociales et économiques de la gestion durable des forêts en pratique de manière qu’elles soient compréhensibles et profitables aux collectivités locales. Ils influent sur de nombreux aspects, allant de la gouvernance à la réduction des conflits, en passant par l’éducation et la gestion intégrée des ressources. Dans le présent article, nous examinons les retombées économiques que les partenariats de quatre forêts modèles enregistrent au niveau local.

Forêt modèle de Chiloé : de nouvelles perspectives économiques changent l’attitude

La forêt modèle de Chiloé est un parfait exemple de la façon dont l’inclusion des collectivités dans un processus participatoire peut changer l’attitude en faveur de la gestion durable des forêts.

Les forêts de l’île de Chiloé au Chili ont été longtemps menacées par le défrichage pour l’agriculture et une récolte excessive du bois surtout aux fins de chauffage des maisons.

« Au cours des années, le gouvernement chilien a essayé diverses méthodes pour changer cette situation, notamment en prônant la biodiversité et la nécessité de protéger des forêts pour l’avenir, en surveillant les forêts et en imposant des amendes » a indiqué Juan Carlos Collarte, le président du Centre Régional des forêts modèles pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CRFM-ALC). « Cette dernière stratégie est toujours en application, mais elle s’avère inefficace. »

Même la création d’un parc national sur l’île en 1982 n’a réussi à empêcher ni la coupe illégale d’arbres ni d’autres utilisations non autorisées de la forêt. Ce n’était qu’après l’établissement de la forêt modèle de Chiloé en 1998 que la situation a commencé à changer.

Depuis le début, la forêt modèle de Chiloé a collaboré avec divers intervenants pour mettre sur pied de nouvelles industries génératrices de revenus tout en encourageant l’utilisation durable de la forêt, et cela grâce à l’éducation et la formation, à la participation de la collectivité, au développement de l’infrastructure, au recours à la connaissance traditionnelle et à l’investissement direct dans le projet.

Des activités de rechange telles que le tourisme culturel et rural, la construction des maisons traditionnelles de la collectivité, la production de charbon de bois, la vannerie, la sculpture sur bois et la production de colorants naturels, la nuciculture et la production des colorants normaux ont déjà généré des revenus pour les collectivités locales et découragé des utilisations non viables des forêts.

« Un mètre cube de bois de chauffage coûte environ 5 000 pesos chiliens » a dit Martin Cox, coordonnateur de projet de la forêt modèle de Chiloé, « mais on peut gagner le même montant d’argent en fabriquant un objet artisanal avec un seul morceau de bois de chauffage. C’est d’ailleurs dans cette direction que nous voulons nous diriger. »

Un mélange unique de forêt et de culture

L’élaboration et la mise en œuvre progressive d’un plan de développement intégré visant les collectivités liées à la forêt modèle ont apporté de nombreux avantages, dont l’implantation d’une nouvelle industrie de guide culturel sur l’île de Chiloé.

« L’île de Chiloé est en elle-même une attraction particulière parce qu’elle représente un mélange unique de forêt et de culture » a déclaré Patrick Twomey, qui travaille avec la forêt modèle et les collectivités de Chiloé pour développer l’industrie locale de tourisme.

Les gens qui, pour assurer leur subsistance, étaient lourdement tributaires des ressources forestières ont été recyclés en guide culturel et gagnent désormais leur vie en offrant une gamme des services aux touristes tels que des randonnées pédestres et équestres, et des excursions guidées, ainsi qu’en enseignant sur l’utilisation traditionnelle des ressources de la forêt.

« Pendant la haute saison touristique en janvier et en février, les guides peuvent gagner presque le salaire d’une année » a ajouté Twomey. « Quoique le montant d’argent en question ne soit pas astronomique, les répercussions sont considérables. Le service de guide culturel a également permis à la population d’exprimer d’une voix plus forte dans la collectivité et de mieux comprendre la nécessité de protéger le parc et d’autres forêts vierges sur l’île comme des moyens du tourisme. »

Le travail de guide a fourni un emploi de rechange si nécessaire à quatre membres de la collectivité autochtone huilliches de Yaldad, dont la pêche de subsistance traditionnelle a été menacée par des marées rouges au début de 2003. La Corporation nationale des forêts du Chili (CONAF) finance actuellement un plus important programme pour former des guides pour l’île entière.

Les guides tirent également des revenus d’un autre projet de forêt modèle, « Foire de la biodiversité » qui se tient chaque année en février à Castro, le capital de Chiloé. La foire qui était à l’origine un festival communautaire de longue date a commencé en 2002 et attire actuellement plus 30 000 personnes pendant cinq jours.

« La foire qui célèbre la culture locale représente un marché pour des artisans et d’autres. La forêt modèle y a intégré une composante éducative et la population a répondu très rapidement » a dit Twomey. « Le concept de conservation n’y existait pas auparavant, alors que maintenant, les gens prennent part à la foire, louent la biodiversité et sont plus conscients du rôle qu’ils y jouent. L’effet est éminent. »

Les collectivités de Chiloé ont aussi pris activement à l’élaboration de nombreux autres projets. Tous les ans, la forêt modèle lance un « concurso » ou un appel de propositions duquel elle choisit et cofinance entre 10 et 15 projets qui satisfont à ses objectifs généraux tout en apportant des avantages aux collectivités locales. Jusqu’ici, ce processus a donné lieu à des investissements directs dans les collectivités par le biais de 60 projets qui ont amélioré le revenu des habitants de l’île.

Retournement d’opinions, changement d’attitudes

Ces nouveaux débouchés et d’autres perspectives économiques ont changé progressivement l’ancienne conception selon laquelle le parc national enlève la terre qui pourrait servir à l’un des partenariats mutuellement bénéfiques. Les conséquences vont au-delà de la forêt modèle. Désormais, au lieu d’abattre les forêts qui n’appartiennent pas au parc en vue du bois de chauffage, les collectivités environnantes élaborent des projets d’artisanat à valeur ajoutée et discutent de l’établissement d’autres parcs privés. Pour faire valoir ce changement d’attitude, la forêt modèle de Chiloé met sur pied un centre destiné à promouvoir l’éducation sur l’environnement.

En outre, en raison des expériences positives et des cas de réussite découlant de Chiloé, le gouvernement du Chili a établi une deuxième forêt de modèle et se penche actuellement sur la planification d’une troisième.

« Le processus renforce et appuie le point de vue voulant que la conservation provienne de la responsabilisation et non de l’imposition » a souligné Twomey. « Il est intéressant de constater que ce changement se produit au sein même du ministère de la Forêt qui a maintenant un nouveau programme d’action incluant les collectivités. C’est d’ailleurs l’objet de discussion de la forêt modèle depuis six ans. »

Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter www.imfn.net ou communiquer avec rverbisky@idrc.ca.

Forêt modèle de Gassinski : durabilité fondée sur des ressources locales

Les ressources forestières de la Russie (qui dispose d’un cinquième des forêts du monde), quoique immenses, ont été surexploitées au niveau local et menacées par la coupe illégale de bois précieux, par l’exploitation pétrolière et minière ainsi que par d’autres pressions environnementales. En dépit de ces défis, la forêt modèle de Gassinski (FMG) a réussi à encourager le développement des moyens de subsistance durables dans la province de Kahbarovsk Krai en Russie au cours des neuf dernières années.

Il s’agit d’un projet particulier —mis à exécution en collaboration avec la forêt modèle du McGregor du Canada dans la province de la Colombie-Britannique —qui se concentre sur l’exploitation durable et diversifiée des ressources naturelles. Les interventions, qui sont de petite échelle et axées sur les ressources et la satisfaction des marchés interne et d’exportation, sont conçue de façon qu’elles puissent être reproduites ailleurs dans le pays. Le projet a permis, entre autres, de :

  • former les participants du projet
  • améliorer des études de marché
  • augmenter la croissance économique et les perspectives d’emploi

Selon les responsables de Krai, ce projet de forêt modèle est une des rares initiatives de développement qui a eu des retombées au niveau de village.

Une composante importante du projet de FMG était d’améliorer la capacité de traitement à valeur ajoutée du bois de la région en déterminant les produits dont le rendement nécessite une mise de capital et une formation minimales. Le projet a financé l’acquisition et l’installation d’équipement de traitement et de séchage du bois. On a dispensé de la formation sur les techniques de séchage du bois d’œuvre, la fabrication de meubles, de fenêtres thermiques et de portes, ainsi que sur la construction de maisons de style canadien à ossature en bois et à billes rondes.

« Par suite de ce projet, le taux d’emploi dans un village autochtone, Nanai, a augmenté de 20 p. 100 à plus de 60 p. 100 depuis qu’on a commencé à traiter le bois, à y ajouter de la valeur en produisant des biens finis, à mettre sur pied des entreprises au niveau local » a précisé Peter Besseau, le directeur exécutif du Secrétariat du Réseau international de forêts modèles (SRIFM).

Comme un tiers de la population de la forêt modèle sont des Autochtones de Nanai ou d’Udege, le projet a travaillé en partenariat avec les collectivités autochtones pour élaborer des sources de revenus de rechange. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, durant la reconstruction économique, sociale et politique (Perestroïka), de nombreux Autochtones ont perdu leur emploi et ont porté leurs espoirs sur les ressources naturelles. Mais comme ils n’avaient pas le matériel nécessaire pour récolter le bois, ils devaient compter sur les ressources forestières non ligneuses et les produits de la pêche, lesquels ne leur généraient toutefois pas suffisamment de revenu pour subvenir aux besoins de leur famille.

En élaborant son plan de gestion durable des forêts de la région, l’Association de la FMG a donc accordé une haute priorité aux possibilités de développement économique durable axée sur les ressources pour la collectivité. L’Association a fait son possible pour assurer une gestion durable des forêts et une utilisation intégrée des ressources forestières. Elle a cherché aussi à créer à l’intention des Autochtones et des autres collectivités tributaires de la forêt des entreprises fondées sur le patrimoine culturel, les produits forestiers non ligneux, ainsi que sur les arts et l’artisanat.

On a redoublé les efforts pour augmenter la production locale des produits forestiers non ligneux et pour les mettre en valeur sur le marché en améliorant la qualité et la présentation des produits finaux, ce qui a créé des emplois dans les régions rurales où les débouchés économiques sont rares.

Partager la connaissance, créer des partenariats

La bande Lheidli T’enneh, de Prince George au Canada, et les Nanais ont aussi travailler ensemble pour recenser les projets économiques et culturels conjoints qui leur permettraient de renforcer réciproquement leurs collectivités ainsi que de créer des entreprises qui généreraient des emplois et des revenus dont ils ont grandement besoin.

Les entreprises les plus prometteuses reposent actuellement sur l’artisanat traditionnel. Les femmes de la région ont notamment élaboré un plan d’affaires pour promouvoir la broderie et la couture artisanale ainsi qu’un bazar d’arts et métiers. Une artisane nanaie a obtenu ainsi un crédit privilégié pour louer du matériel informatisé pour produire des machines à broder. De plus, elle a pu, avec d’autres artisanes, entreprendre un voyage d’affaires au Canada afin d’apprendre les principes fondamentaux pour démarrer une entreprise, entreprise qu’elles exploitent maintenant avec succès.

Le projet assiste aussi les Nanais à améliorer les techniques pour commercialiser leurs produits en Russie, à l’Ouest canadien et aux États-Unis. Les statistiques économiques recueillies pour la période allant de 2000 à 2002 indiquent une amélioration du salaire mensuel moyen et une baisse du taux de chômage dans le district de Nanai de la FMG.

« La Forêt modèle de Gassinski a enregistré d’importants progrès au chapitre de la création de partenariats et de la prise de décisions concertées qui sont favorables à la société ainsi qu’à la conservation des écosystèmes forestiers et de la biodiversité » a dit Vladimir F. Pominov, président de l’Association de la FMG.

Les responsables du projet explorent maintenant les moyens pour pouvoir reproduire cette approche de forêts modèles en vue de développer l’économie ailleurs en Russie.

Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter www.imfn.net ou communiquer avec pbesseau@idrc.ca.

Forêt modèle du bassin hydrographique d’Ulot : faire fonds sur les moyens de subsistance existants

En 1996, on a déclaré que les forêts pluviales sur l’île de Samar aux Philippines constituent une réserve forestière qu’il faut protéger de la coupe et de l’exploitation commerciales et locales. La mauvaise utilisation continue des ressources de la forêt a contribué à la perte de revenus forestiers de la région et a exacerbé les tensions existantes entre les différentes collectivités tributaires de la forêt.

En dépit de la création de la réserve, l’existence d’intérêts stratégiques contradictoires concernant les pratiques forestières, minières et de conservation, conjuguée à une mise en œuvre fragmentée des projets de gestion des forêts, a conduit le gouvernement à se joindre au RIFM. La forêt modèle du bassin hydrographique d’Ulot a été créée en 2000 dans le but, entre autres, de démontrer l’utilisation durable de la forêt et du sol dans le vaste cadre de la conservation. Cette stratégie vise en partie à créer des débouchés pour des produits forestiers non ligneux.

Jusqu’à présent, les résultats se sont avérés satisfaisants. Ainsi, les collectivités locales récoltent maintenant le rotin et le bambou pour la construction de logements et autres, ainsi que diverses variétés de plantes médicinales et culinaires, des poissons d’eau douce et des grands animaux utilisés comme aliments. D’autre part, les habitants de la région ramassent du bois de chauffage pour leurs propres besoins mais aussi pour le vendre.

« Les forêts fournissent une gamme de biens et de services qui sont utiles à la collectivité. Quand ces ressources forestières sont gérées de façon durable, les collectivités peuvent assurer leur bien-être économique » a dit Lourdes Wagan, spécialiste-surveillante de la gestion forestière de la Forêt modèle du bassin hydrographique d’Ulot. « On a créé davantage d’entreprises de subsistance axées des produits forestiers non ligneux et mineurs tels que le rotin, le bambou et la lierre, et les collectivités abandonnent les activités destructives au profit de la conservation. »

« Les collectivités apprennent à établir des partenariats et à élaborer d’autres stratégies pour s’assurer de la durabilité des ressources » a ajouté Wagan. « Par exemple, on les encourage à aménager des plantations de rotang et à développer d’autres produits forestiers non ligneux afin d’avoir un approvisionnement continu en matières premières pour subvenir à leurs besoins. Ainsi, une utilisation appropriée de la terre leur devient nécessaire et acceptable. Ils apprennent aussi à travailler ensemble pour atteindre cet objectif commun. »

Ce type de partenariat a mené également à la formation d’une coopérative de production, de traitement et de contrôle de qualité de la résine d’almaciga. L’entreprise est potentiellement importante pour les collectivités de la forêt modèle. Le but ultime est d’obtenir un meilleur prix pour la résine, qui est employée dans la fabrication de la térébenthine, du vernis et de la peinture, ainsi que du parfum. À cette fin, la forêt modèle d’Ulot et le projet de biodiversité de l’île de Samar (SIBP) ont, en collaboration avec le Forest Products Research and Development Institute et le PNUD-FEM, organisé deux séries de formation sur l’entaillage adéquat de l’almaciga.

« La formation a fourni la connaissance pratique sur de meilleures méthodes d’entaillage de la résine, qui sont fondées sur des procédures éprouvées scientifiquement et visant la production durable de la résine » a signalé Wagan.

Avantages supplémentaires

Le projet a un avantage supplémentaire : les organisations populaires (OP) impliquées dans l’entaillage de la résine sont plus déterminées à protéger les forêts entourant les arbres d’almaciga afin de préserver les rendements de la résine ainsi que les sources de revenu, ce qui prouve que l’utilisation des produits forestiers non ligneux comme le rotin, la pandanacée et la lierre peut également réduire la pression sur le peuplement forestier sur pied.

Actuellement, deux groupes s’emploient activement dans la fabrication de meubles et de produits artisanaux en rotin. Pour les appuyer, la forêt modèle d’Ulot a dispensé de la formation sur le tressage du rotin; la préservation et le dessévage/le traitement du rotin, ainsi que sur la finition du rotin et des articles d’artisanat. Cette formation a permis d’améliorer la qualité des produits en rotin, d’augmenter des commandes de produits et d’éveiller un intérêt croissant pour la plantation du rotin et la protection de la forêt. Les OP commencent d’ailleurs à tirer des gains économiques de cette activité.

« Les activités économiques ont été choisies en fonction de la disponibilité des ressources, des préférences et des habilités des OP, des débouchés, de l’acceptabilité sociale, des compétences techniques, des conséquences sur l’environnement et de l’aide financière » a indiqué Wagan. « Par exemple, on a pris en considération la noix de coco mais on n’a pas retenu cette option parce que le prix de la noix de coco et ceux de ses sous-produits étaient très bas. »

Pour ce qui est de l’avenir, la forêt modèle d’Ulot estime qu’il serait bénéfique d’intégrer son approche dans le plan directeur forestier national. On étudie actuellement les possibilités d’élargir l’approche des forêts modèles à d’autres régions des Philippines.

Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter www.imfn.net ou communiquer avec pbesseau@idrc.ca

Forêt modèle de Lin’an en Chine : des produits forestiers non ligneux alimentent la croissance

 Jusqu’à récemment, 80 p. 100 du revenu des agriculteurs de la province chinoise de Zhejiang provenait de la coupe et de la production de charbon de bois alors que les riches ressources de la province étaient sous-exploitées. Or, de nos jours, plusieurs familles du comté ont échappé à la pauvreté grâce au développement et à la production des produits forestiers non ligneux.

Le défi

Au début des années 1980, le gouvernement de Lin’an a élaboré une stratégie qui consistait à protéger et à cultiver des ressources forestières, à stabiliser la culture agricole, à accorder la priorité au développement des collines basses et des pentes inférieures, à mettre en valeur des essences forestières indigènes à valeur commerciale, les forêts de bambou et d’autres ressources non ligneuses, ainsi qu’à maintenir une croissance constante du couvert forestier.

Atteindre des objectifs économiques, environnementaux et sociaux en même temps n’était toutefois pas une mince tâche. Il y avait des risques manifestes, comme la dépendance excessive sur la monoculture du bambou, la culture intensive des pentes abruptes en vue de la production de turion.

Considérant le potentiel dont sont porteurs les effets positifs de la réforme agraire et la motivation du leadership local, la région de Lin’an a été choisie pour y établir une forêt modèle en 1997. La création de la forêt modèle a permis aux intervenants locaux d’intégrer la planification et la gestion, de fournir un vaste éventail de services de formation et de vulgarisation et de donner à la population locale ayant des intérêts économiques et autres l’occasion d’exprimer leur opinions et idées sur des questions qui touchaient leur vie et leur environnement.

Quand l’Académie forestière chinoise a rencontré les représentants du RIFM, au cours de la même année, ils visaient déjà à consolider, à améliorer et à soutenir l’économie de Lin’an fondée sur des produits non ligneux, y compris le traitement de ces produits.

Cette approche a misé sur les ressources naturelles locales existantes combinées à la science et aux progrès dans le traitement et la distribution pour faire du bambou un secteur clé de l’économie rurale. D’ici 1998, le revenu net moyen des fermiers serait de 4 199 mille yuans, soit  24 et cinq fois plus qu’en 1978 et 1988 respectivement. Environ 70 p. 100 de ce montant provenaient du commerce des ressources non ligneuses. Jusqu’ici, la collectivité de la forêt modèle a planté 800 000 hectares de bambou, générant ainsi un revenu de 0,2 milliard de dollars US pour les agriculteurs.

Des pousses à la tige

Le comité de partenariat de la forêt modèle de Lin’an continue à tabler ses activités sur cette stratégie. Le partenariat a, par exemple, organisé divers cours de formation, dont un cours sur les techniques culturales des noyers à haut rendement et des pousses de bambou comestibles. La formation comportait des études et des visites sur le terrain, des conférences et des discussions. Au cours de la dernière année, plus de 35 conférences et de 2 500 heures-personnes de formation ont été données.

L’industrie de bambou est devenue maintenant le pilier économique du Lin’an rural. La production de pousses de bambou est une des avenues principales qui permettent aux agriculteurs d’accroître leur revenu. Jusqu’à présent, il y a plus de 30 000 ménages qui cultivent le bambou et Lin’an est devenu le plus grand jardin de bambou comestible de la Chine méridionale.

Lin’an achète aussi ailleurs des pousses et du bois de bambou frais pour les traiter et les revendre sur des marchés nationaux et étrangers. Grâce à la technologie de plantation de bambou écologiquement rationnelle et économiquement saine, les parts de marché et les profits ont augmenté. En conséquence, plusieurs villages et familles pauvres ont pu échapper à la pauvreté.

Atteindre l’équilibre grâce aux forêts modèles

Lin’an a également développé ses industries de noyer et de thé. Avant la réforme, la valeur économique du noyer était très basse, mais comme le revenu et les conditions de vie de la population se sont améliorés, cette nourriture biologique est devenue plus populaire, ce qui a fait augmenter les prix.

Le développement des ressources non ligneuse à Lin’an permet non seulement de protéger les ressources forestières mais aussi d’améliorer la valeur scénique de la région, ce qui a favorisé l’essor de l’écotourisme. Ce phénomène incite, à son tour, davantage de gens à protéger les ressources forestières. Plus de 10 sites d’écotourismes ont été établis : en 2001, deux millions de touristes ont visité Lin’an, générant un revenu brut de 121 millions de dollars US.

Le développement des ressources non ligneuses a eu de nombreuses autres retombées sur Lin’an, il a notamment :

  • réduit la dépendance des agriculteurs à l’égard le bois, ce qui permet le rétablissement des ressources forestières
  • produit des effets positifs sur des industries connexes, par exemple, pendant la saison de pousses de bambou, un marché de 30 Km se tient le long de la route et plus de 300 camions sont utilisés dans la livraison des biens
  • encouragé l’éducation : comme leur revenu a augmenté, les agriculteurs se sont rendus compte de l’importance de l’éducation — surtout dans le domaine des sciences et de la technologie — dans l’exploitation des ressources non ligneuses. Ils ont, en conséquence, exercé des pressions pour qu’on hausse les normes d’éducation de leurs enfants. Désireux de satisfaire aux besoins des agriculteurs, le gouvernement cantonal a créé, dans le canton, une école centrale pour tous les enfants. D’autre part, le taux d’analphabétisme a été diminué de 20 p. 100 grâce aux cours du soir pour adultes, où plusieurs ont appris une compétence pratique.

À cet égard, et dans bien d’autres, les forêts modèles dans le monde se rendent compte, et démontrent effectivement, qu’il existe une relation symbiotique entre la gestion durable des forêts et le développement économique et social.

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