En 1992, le gouvernement du Canada a lancé le Programme des Forêts Modèles, dont le principal objectif était de faire progresser la gestion durable des forêts (GDF) au Canada. La Forêt Modèle Fundy était l’une des 10 premières Forêts Modèles établies et l’une des quatre Forêts Modèles qui sont toujours actives au Canada aujourd’hui.
Les Forêts Modèles sont des structures dynamiques de durabilité appliquées à l’ensemble du paysage. Elles comprennent les forêts et d’autres services utilitaires des terres et nécessitent une approche fondée sur le partenariat et un processus de gouvernance inclusif qui adhère à six principes pour promouvoir la gestion intégrée des paysages et des forêts durables.
Les Forêts Modèles sont conçues pour répondre à un besoin précis et pour renforcer les relations entre le secteur forestier et les communautés dans lesquelles elles opèrent. Le but est de faciliter les relations entre le secteur forestier et les organisations, les communautés et les personnes sur lesquels il a un impact grâce au dialogue et à la recherche.
Les partenariats sont à la base de l’approche de la Forêt Modèle – grâce à un forum de collaboration, les partenaires identifient les problèmes et élaborent des solutions collectives. Dans le cas de la Forêt Modèle Fundy, la mise en place de relations entre l’industrie forestière, les intervenantes et les intervenants de tout le paysage a joué un rôle important pour régler les problèmes de gestion forestière au Nouveau-Brunswick. En plus, la facilitation de l’utilisation des données et le partage des connaissances, comme base d’une prise de décision judicieuse, ont également été une force de la Forêt Modèle Fundy. Depuis sa création, la Forêt Modèle Fundy est une organisation axée sur la science. Elle a travaillé méticuleusement pour identifier les lacunes dans les connaissances et pour aider les chercheurs à combler ces lacunes. Au fil du temps, il est devenu évident que les défis de gestion des ressources naturelles sur le paysage étaient le résultat d’un manque d’intégration. La prise de décision reposait sur des connaissances propres au site et ne tenait pas compte des interactions au niveau du paysage. Par exemple, comment les pratiques de gestion des peuplements forestiers affectent-elles l’écosystème d’eau douce du bassin versant? Comment les propriétaires individuels de lots boisés ont-ils un impact sur la connectivité des forêts?
Au cours des trente dernières années, le Comité directeur de la Forêt Modèle Fundy a travaillé avec ses partenaires pour répondre à certaines de ces questions et améliorer les résultats de gestion tant au niveau du site que du paysage. Il s’est efforcé d’élargir les connaissances sur la gestion forestière et de mettre l’accent sur la compréhension des interactions au niveau du paysage au Nouveau-Brunswick. Avec cet objectif en tête, la Forêt Modèle Fundy s’est engagée dans de nombreux projets au cours des trois dernières décennies pour combler les lacunes dans les connaissances scientifiques, pour partager les connaissances et pour établir des relations afin d’améliorer la gestion des forêts et des paysages.
Alors, à quoi ressemble en pratique l’élimination des lacunes dans les connaissances scientifiques au niveau du paysage?
Par exemple, en 1993, le Bassin hydrographique du ruisseau Hayward est devenu un laboratoire vivant pour étudier les effets à long terme des pratiques forestières sur plusieurs plantes et animaux dans le même paysage. Un partenariat a été formé entre les Universités du Nouveau-Brunswick (Fredericton, Saint-Jean et Moncton), le ministère des Pêches et des Océans, le Parc national Fundy et JD Irving pour évaluer les conditions avant la récolte et les impacts après la récolte d’une foule d’indicateurs incluant les vertébrés, la qualité de l’eau, les bryophytes et les plantes vasculaires. En 2017, les sites ont été étudiés à nouveau pour évaluer les impacts et dans certains cas, 20 ans après la récolte. Cette surveillance scientifique à long terme et ce forum de collaboration pour partager les effets des activités forestières sur l’écosystème aquatique du ruisseau Hayward ont facilité les discussions avec les intervenantes et intervenants et présenté les plans de gestion des bassins versants à plus grande échelle comme le Plan de gestion intégrée du bassin versant de la rivière Petitcodiac. Le bassin versant de Petitcodiac s’étend sur environ 3 000 kilomètres carrés et compte plus de 30 affluents. C’est la résidence pour plus de 160 000 personnes et est l’une des régions les plus peuplées et les plus dynamiques de la province du Nouveau-Brunswick.
L’approche de la Forêt Modèle Fundy à l’égard des processus à long terme et de la recherche multipartite a contribué à faciliter le partage des connaissances, non seulement dans les revues scientifiques, mais aussi pour informer le public et pour établir des politiques publiques de gestion des forêts au Nouveau-Brunswick.
Les conifères matures sont toujours gérés sur plusieurs propriétés boisées du bassin versant de la rivière Pollet au Nouveau-Brunswick
Cette approche multipartite de recherche s’est poursuivie dans le cadre du projet de la rivière Pollett. Ce projet visait à surmonter l’obstacle à pouvoir mettre en place la conservation de la biodiversité au sein des petits boisés en raison de la nature morcelée de la propriété privée. Dans le cadre de ce projet, la Forêt Modèle Fundy et ses partenaires ont travaillé avec les propriétaires de boisés pour tenir compte de la biodiversité sur l’ensemble du paysage dans le bassin hydrographique. Cela a conduit les propriétaires fonciers à travailler collectivement pour gérer les zones écologiquement importantes.
L’approche de la Forêt Modèle démontre que la gestion forestière ne se limite pas juste aux arbres. Il s’agit d’écosystèmes entiers, y compris les bassins versants et les intersections d’environnements terrestres, aquatiques et humains. L’utilisation de cette perspective holistique du paysage ainsi que l’implication de multiples parties prenantes ont permis d’apporter différentes valeurs et perspectives à la table.
En 2007, au niveau du paysage et avec la perspective en tête, le Comité directeur de la Forêt Modèle Fundy et d’autres partenaires ont commencé à travailler ensemble lors du Forum sur le saumon à l’intérieur de la Baie de Fundy afin d’adopter une approche holistique pour identifier et résoudre les problèmes de base auxquels le saumon atlantique sauvage est confronté dans les écosystèmes d’eau douce. Auparavant, les efforts de restauration avaient été sporadiques en raison du faible financement, des ressources humaines limitées et du manque de collaboration entre des groupes ayant des objectifs de restauration similaires. Le Forum a mené des activités scientifiques collaboratives, évaluant le morcellement potentiel qui restreignait l’accès à l’habitat dans les bassins versants par les poissons reproducteurs. Le Forum n’a pas seulement généré des connaissances scientifiques et aidé à mettre en place des politiques, mais il a également amélioré les communications publiques en organisant des ateliers et des sessions de formation pour améliorer l’habitat territorial du saumon.
Aujourd’hui, la Forêt Modèle Fundy continue de promouvoir cette approche sur l’ensemble du paysage et l’approche à la collaboration. Ce qui était une nouvelle approche au début des années 1990, est maintenant globalement acceptée comme un processus de recherche et de consensus mettant l’accent sur la participation des parties prenantes et intégrant les interactions pour aider à résoudre des problèmes de plus en plus complexes de gestion des forêts et des paysages, y compris la qualité de l’eau, la gestion durable des forêts, la biodiversité, le changement climatique, la dégradation et la restauration des forêts, les feux de forêt et les moyens de subsistance durables.
Pour plus d’informations: www.fundymodelforest.net