Forêts Modèles et ODD

Contribuer à l’atteinte des Objectifs de développement durable

Les Objectifs de développement durable (ODD) sont un ensemble de cibles convenues entre les gouvernements qui servent d’appel universel à l’action pour mettre fin à la pauvreté, protéger la planète et assurer la paix et la prospérité pour tous.

Les six principes des Forêts Modèles orientent les initiatives au niveau du paysage — allant de la recherche sociale ou scientifique et de l’élaboration de politiques jusqu’au renforcement des capacités et à la mise à l’essai de nouvelles technologies — en veillant à ce que les ressources naturelles et les terres forestières soient gérées de façon durable, inclusive et équitable, tout en contribuant directement et indirectement à l’atteinte de la grande majorité des 17 ODD.


Principe 1
Principe 2
Principe 3
Principe 4
Principe 5
Principe 6


PRINCIPE 1 : PARTENARIAT

Chaque Forêt Modèle est un forum neutre qui accueille la participation volontaire de représentants des valeurs et des intérêts que les intervenants portent au paysage.

Les Forêts Modèles sont des partenariats volontaires et diversifiés conçus pour créer, mobiliser et communiquer les connaissances, l’expertise et la technologie à l’échelle locale, nationale et internationale (Nord-Sud, Sud-Sud et Nord-Nord). Le partenariat vise à renforcer les capacités de mise en œuvre d’initiatives de développement durable. Les Forêts Modèles réunissent les secteurs publics et privés et la société civile dans le cadre de partenariats rentables et à risques partagés conçus pour élaborer, de façon collaborative, une stratégie de développement durable pour une région donnée. Le partenariat apporte également de nouvelles ressources — en espèces ou en nature.

Les Forêts Modèles rassemblent les intervenants et créent un partenariat aussi complexe que les valeurs et les utilisations du paysage qu’il englobe. Comme l’illustre la Forêt Modèle Araucarias del Alto Malleco au Chili, les peuples autochtones, les communautés locales, les femmes et les personnes défavorisées, souvent oubliés en tant que partenaires potentiels, peuvent à la fois contribuer grandement et bénéficier d’un tel partenariat, permettant d’obtenir des résultats plus durables.

De plus, en tant que réseau international, le Réseau international de forêts modèles (RIFM) participe à d’autres forums pour partager des idées, des ressources et de l’expertise. Par exemple, le RIFM est membre du Partenariat mondial pour la restauration des forêts et des paysages (GPFLR), un réseau informel qui se consacre à faire progresser le Défi de Bonn visant la restauration de 150 millions d’hectares de terres d’ici 2020 et de 350 millions d’hectares d’ici 2030. Le RIFM travaille également en partenariat avec d’autres organisations ou associations internationales qui s’intéressent à des questions de durabilité semblables, comme l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Centre agronomique tropical de recherche et d’enseignement (CATIE) et l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

ODD ciblé

PRINCIPE 2 : PAYSAGE

Le paysage est un milieu biophysique à grande échelle représentant toute la gamme des valeurs forestières, y compris les préoccupations d’ordre social, culturel, économique et environnemental.

Les Forêts Modèles sont des zones biophysiques à grande échelle qui englobent un large éventail de valeurs forestières, de ressources naturelles et d’écosystèmes diversifiés. Il s’agit d’approches à l’échelle des bassins hydrographiques pour la gestion des ressources naturelles, où la forêt est une caractéristique importante du paysage, mais certainement pas la seule. L’interface forêt-agriculture, par exemple, représente un élément essentiel de nombreuses Forêts Modèles, tout comme l’interface zones rurales-zones urbaines.

À titre d’exemple, une recherche menée par la Forêt Modèle de Chiquitano en Bolivie a désigné l’amande de Chiquitana (Dipteryx alata), un légume indigène typique des savanes boisées, comme une source de nourriture ancestrale ayant une valeur nutritive, tant pour les humains que pour la faune et les bovins. Une stratégie visant à accroître la production de cette amande en tant que source alimentaire a été élaborée, sans élargir la frontière agricole, tout en atténuant la vulnérabilité socio-environnementale aux changements climatiques.

Une femme chiquitana de Santiago de Chiquitos (Bolivie), qui fait partie de l’Association de médecine naturelle, présentant un échantillon des produits obtenus des espèces végétales sauvages de la Forêt Modèle Chiquitano.

La restauration des paysages forestiers (FLR) est un thème clé des Forêts Modèles. Le double objectif de la FLR, soit de restaurer les terres dégradées tout en améliorant le bien-être des communautés grâce à des paysages multifonctionnels, convient parfaitement à l’approche de la Forêt Modèle. À titre d’exemple, la en Colombie est l’une des 11 Forêts Modèles en Amérique latine qui contribuent à l’Initiative 20×20 en l’appui au Défi de Bonn. Grâce à la FLR, les Forêts Modèles favorisent l’utilisation des modèles et outils de restauration comme la méthodologie d’évaluation des opportunités de restauration des paysages forestiers (MEOR), développent les capacités en matière de techniques de restauration, renforcent les liens entre les engagements nationaux et contribuent directement à l’atténuation et à l’adaptation aux changements climatiques à l’échelle locale.

Comme elles sont gérées à l’échelle du paysage ou d’un bassin hydrographique, de nombreuses Forêts Modèles sont directement concernées par la gestion intégrée des ressources en eau à l’échelle locale, liée à leur intention de partager les pratiques exemplaires à l’échelle nationale ou régionale. La Forêt Modèle Chorotega au Costa Rica en est un exemple, où les intervenants mettent en œuvre des mesures pour préserver les terres du bassin de la rivière afin de restaurer le débit d’eau.

Les paysages des Forêts Modèles peuvent également comprendre des zones côtières, ainsi que des mangroves, lesquelles sont essentielles à l’habitat marin et permettent d’atténuer les effets des phénomènes météorologiques extrêmes. La plantation de 40 espèces de mangroves pour amortir les vagues fortes et fournir un habitat de frai aux poissons coralliens (qui sont importants pour le gagne-pain des pêcheurs locaux) dans la Forêt Modèle du bassin versant de Carood, aux Philippines, illustre les mesures prises par les Forêts Modèles pour assurer la conservation et l’utilisation durable des ressources marines et côtières à l’intérieur de leurs frontières.

ODD ciblé

PRINCIPE 3 : DURABILITÉ

Les intervenants s’engagent dans la conservation et la gestion durable des ressources naturelles et du paysage forestier.

Les intervenants des Forêts Modèles se sont engagés à conserver et à gérer de façon durable les ressources naturelles et le paysage forestier, y compris à répartir équitablement les bénéfices économiques et sociaux découlant de ces ressources. Ils explorent et encouragent aussi les pratiques qui contribuent au maintien ou au rétablissement de l’intégrité écologique du paysage. Que ce soit dans un pays développé ou en développement, les Forêts Modèles utilisent une approche intersectorielle qui aborde les trois piliers du développement durable.

Les priorités des Forêts Modèles reflètent les défis locaux et nationaux en matière de gestion et occupent l’espace entre les politiques et la pratique, où les engagements et les programmes nationaux, tels ceux liés aux changements climatiques (la réduction des émissions attribuables à la déforestation et à la dégradation des forêts [REDD+]), à la restauration des paysages forestiers (Défi de Bonn et autres), ou à la protection de la biodiversité (protocoles de la Convention sur la diversité biologique [CDB]) peuvent être mis à l’essai avant d’être mis à l’échelle, ou lorsque les programmes locaux peuvent être partagés avec les gouvernements pour une application au-delà de la limite de la Forêt Modèle. La Forêt Modèle de l’Est de l’Ontario au Canada qui participe au projet de services écosystémiques de pointe du Forest Stewardship Council (FSC) n’en est qu’un exemple.

Le programme de tourisme communautaire lancé par les femmes mapuches dans la Forêt Modèle Panguipulli au Chili et le passage de l’exploitation forestière illégale à l’écotourisme réalisé par les résidents de la Forêt Modèle du bassin versant d’Ulot aux Philippines sont des exemples inspirants de collectivités locales qui tirent de multiples avantages de l’adoption de pratiques durables.

Les Forêts Modèles se sont également révélées particulièrement actives sur le plan social de la durabilité — le plus difficile des trois piliers à mesurer. La participation à une Forêt Modèle finit par changer la façon dont les gens pensent, puis agissent, les uns envers les autres, et envers leur environnement naturel. Ceci est étroitement lié au quatrième principe sur la gouvernance présenté ci-dessous.

ODD ciblé

PRINCIPE 4 : GOUVERNANCE

Le processus de gestion des Forêts Modèles est représentatif, participatif, transparent et responsable, et favorise la collaboration entre les intervenants.

Dans une Forêt Modèle, les intervenants travaillent ensemble en utilisant des processus consensuels pour atteindre une vision et des objectifs communs. Bien qu’il y ait des attributs pour décrire ce qu’est une Forêt Modèle, il n’existe aucun modèle fixe de structure. Chaque Forêt Modèle a sa propre structure de gouvernance, qui est autonome et unique. Les actions de la Forêt Modèle sont régies par des principes de confiance, de transparence et de prise de décision collaborative, tout en respectant la diversité des intérêts et des valeurs. La structure décisionnelle est responsable, elle établit les priorités et gère efficacement les activités.

Grâce à leurs structures de gouvernance inclusives, les Forêts Modèles offrent un espace à la table de concertation pour les intervenants typiquement marginalisés, comme les femmes et les peuples autochtones. Un attribut à l’appui du principe de partenariat stipule que la discrimination contre une personne ou un groupe de personnes est interdite. Dans cette optique, le Réseau ibéro-américain de Forêts Modèles a lancé sa Stratégie d’égalité et d’équité entre les sexes afin d’aider ses membres à assurer une représentation plus équilibrée. Cet outil régional fournit des lignes directrices pour l’institutionnalisation d’une approche sexospécifique de la gouvernance durable des paysages qui est mise en œuvre en Amérique latine, et partagée avec l’ensemble du Réseau international.

Le renforcement de la capacité des intervenants à exprimer leurs préoccupations, la prise de décisions et la planification collaborative constituent des éléments de base pour une participation démocratique efficace. La résolution de conflits est souvent un avantage offert par la Forêt Modèle, car l’approche peut servir de laboratoire d’apprentissage pour la négociation constructive et la recherche d’un consensus sur les priorités locales en matière de développement durable, ainsi que de plateforme pour relier les groupes marginalisés aux institutions et organisations plus grandes.

La création du corridor biologique Parque Nacional Los Haitises-Pueblo Viejo en République dominicaine est une illustration d’une telle convergence entre les différents acteurs, où, s’appuyant sur un processus amorcé il y a plus de 26 ans, la Forêt Modèle de Colinas Bajas a rassemblé des intervenants locaux, incluant des gouvernements municipaux et nationaux ainsi qu’une société minière, afin d’élargir une initiative réussie de restauration du paysage forestier.

ODD ciblé

PRINCIPE 5 : PROGRAMME D’ACTIVITÉS

Les activités entreprises par une Forêt Modèle reflètent la vision de la Forêt Modèle et les besoins, les valeurs et les défis des intervenants en matière de gestion.

Les Forêts Modèles sont conçues pour faciliter l’innovation dans la gestion durable des grands paysages. L’approche peut procurer de multiples avantages à ses adhérents et aux collectivités qui dépendent des caractéristiques de ce paysage, ainsi qu’aux priorités locales, comme le développement économique, la sécurité alimentaire, la résolution de conflits, le bois ou les produits forestiers non ligneux, l’approvisionnement en eau, l’énergie, et plus encore. Les intervenants d’une Forêt Modèle entreprennent des activités qui reflètent leurs besoins et appuient les activités des programmes nationaux en matière de forêt et autres thématiques, facilitant et favorisant la production de connaissances et de solutions novatrices pour la gestion durable des ressources naturelles. En d’autres termes, chaque Forêt Modèle est unique et, par conséquent, l’éventail des activités entreprises par les intervenants en vue du développement durable varie considérablement d’une Forêt Modèle à l’autre. Il y a des exemples d’initiatives provenant des Forêts Modèles pour chacun des ODD. À titre d’exemple, les engrais organiques à base de microorganismes mycorhiziens dans l’est du Cameroun impliquant le Réseau africain des Forêts Modèles est un exemple d’initiative qui a permis de créer de nouveaux emplois tout en contribuant à la fois à la sécurité alimentaire et à la résilience aux changements climatiques.

Plusieurs Forêts Modèles ont investi dans la création ou l’expansion de petites et moyennes entreprises (PME), comme les initiatives d’écotourisme. La Forêt Modèle de Yalova en Turquie, où les partenaires ont développé de nouvelles économies locales grâce au tourisme rural et le renforcement du secteur du tourisme axé sur la nature dans la Forêt Modèle de Bergslagen en Suède en sont deux exemples.

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PRINCIPE 6 : PARTAGE DES CONNAISSANCES, RENFORCEMENT DES CAPACITÉS ET RÉSEAUTAGE

Les Forêts Modèles renforcent la capacité des groupes d’intérêt à participer à la gestion durable des ressources naturelles, à collaborer et à partager les résultats et les leçons apprises grâce au réseautage.

Grâce à leur structure de réseau, les intervenants et les participants des Forêts Modèles sont engagés envers le partage et le réseautage des connaissances à l’échelle locale, régionale et internationale. Étant donné leur conception, les Forêts Modèles visent à « accélérer » la programmation, les processus et l’influence des politiques en matière de durabilité. Pour ce faire, les intervenants des Forêts Modèles échangent des expériences et des leçons apprises, renforcent la capacité locale de participer à la gestion durable des ressources naturelles et partagent leurs réalisations et leurs défis à l’échelle nationale et internationale.

Le projet EcoAdapt mis en œuvre dans trois Forêts Modèles en Amérique latine est un exemple de processus de recherche interdisciplinaire et international impliquant des communautés locales, des organisations de la société civile, des décideurs politiques et des scientifiques cherchant à accroître leur capacité collective à s’adapter aux changements climatiques.

La Forêt Modèle Prince Albert, au Canada, est devenue une championne du transfert et de la promotion des connaissances pour la protection des espèces en péril en Saskatchewan, comme le bison des plaines de la rivière Sturgeon et le caribou des bois, en intégrant les communautés autochtones et les jeunes au processus.

La Forêt Modèle nationale de Porto Rico, la Forêt Modèle Chocó Andino en Équateur, la https://www.facebook.com/BosqueModeloPichanakiPeru au Pérou et la Forêt Modèle de Terre-Neuve-et-Labrador au Canada ne sont que quelques exemples de Forêts Modèles qui dirigent des programmes d’apprentissage inclusifs comme les « écoles forestières », où se déroulent des activités de sensibilisation à l’environnement naturel. Ces initiatives visent à influencer l’éducation et à profiter à la population locale, ainsi qu’à promouvoir la gestion durable des ressources naturelles à l’échelle nationale et internationale. La gouvernance au niveau du paysage exige un examen critique de la dynamique du paysage (la capacité de « voir » le paysage à l’échelle et de comprendre comment une action réalisée à un endroit donné peut générer des répercussions sur une autre action) afin d’assurer une prise de décisions éclairée par les intervenants concernés. À cette fin, la Forêt Modèle Vilhelmina en Suède a mis au point un système d’information géographique (SIG) participatif conçu pour aider à préserver le mode de vie autochtone de la communauté Sami tout en atténuant les conflits avec l’industrie forestière. Grâce à une compréhension visuelle des corridors de migration auxquels ont accès les éleveurs de rennes samis, les gestionnaires des terres peuvent maintenant adapter leurs activités pour permettre aux éleveurs de maintenir leurs routes traditionnelles.

ODD ciblé

Pour en savoir plus sur les Forêts Modèles, consultez les sections Nouvelles et Ressources.

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