La Forêt Modèle Est Ontarien célèbre ses 25 ans, avec les générations futures en tête

avril 27, 2018 | Written BY : admin_test

Le RIFM a discuté avec Jim McCready, ancien président de la FMEO, et Tony Bull, président actuel, pour réfléchir aux 25 ans d’évolution de leur paysage, entendre parler des projets en cours et écouter leurs idées pour les 25 prochaines années.

La Forêt Modèle de l’Est de l’Ontario (FMEO) a été créée en 1992, dans la province de l’Ontario (Canada), autour du district de Kemptville, qui jouxte la province de Québec et l’État de New York. Au même moment, le gouvernement canadien présentait l’approche de la Forêt Modèle de la gestion durable des forêts au Sommet mondial de Rio.

«Lorsque nous parlions de Forêts Modèles à l’époque, certaines personnes demandaient « où est votre modèle? », en pensant à une modèle de mode», explique Jim McCready, qui a participé à certaines des premières réunions de ce qui allait devenir la FMEO.

Son anecdote illustre à quel point l’idée d’une Forêt Modèle, rassemblant diverses parties prenantes ayant des intérêts très divergents pour planifier et mettre en œuvre une gestion durable des forêts, était nouvelle et abstraite.

« Nous sommes maintenant reconnus comme le « courtier honnête » qui rassemble les gens à la même table. Nous n’avons pas d’agenda caché », poursuit McCready.

Ce fut une série de dirigeants locaux déterminés – comme le président fondateur de la FMEO, John Kerr-Wilson et le directeur général Brian Barkley – qui ont réuni des représentants des administrations de comtés, des propriétaires de petits boisés, de la Première Nation Mohawk d’Akwesasne et de l’industrie forestière, comme Domtar.

Ensemble, ces groupes ont traversé une série de défis et de contextes changeants. Ils ont adopté le slogan « La forêt pour 7 générations », en s’inspirant de la philosophie traditionnelle des participants des Premières Nations, en reconnaissant que les décisions prises aujourd’hui devraient tirer des leçons du passé, et affecterons nos successeurs sur une longue période.

Les limites de l’Eastern Ontario Model Forest (Forêt Modèle de l’Est de l’Ontario)

La FMEO couvre actuellement un vaste territoire doté d’une riche histoire forestière. Le territoire comprend seulement environ un tiers de terres boisées – la plupart appartennant à des petits propriétaires de boisés – alors qu’une partie importante du paysage se trouve à l’intérieur des limites urbaines.

Une des premières tâches de la FMEO consistait à éduquer et à fournir des services de vulgarisation à ses membres. Il l’a fait à l’aide de programmes comme le «bog-to-bog», en envoyant des spécialistes forestiers de porte-à-porte, visitant des propriétaires de boisés et pour approffondir leur connaissance et leur expertise de la gestion durable des forêts. La FMEO est devenue une voix importante, plaidant en faveur de la préservation des forêts, dans une région qui connaissait une croissance suburbaine rapide.

La tempête de verglas de Janvier 1998 demeure un événement marquant de la première décennie de la FMEO: une période prolongée de pluie gelée est tombée sur l’est de l’Ontario et le sud du Québec, causant d’importantes coupures d’électricité et endommageant des millions d’arbres.

L’équipe de la FMEO a contribué à apporter de l’expertise scientifique à ses membres, aidant à restaurer le paysage dans les mois qui ont suivi cette catastrophe naturelle mémorable.

La présence de la Ville d’Ottawa, capitale du Canada et siège du Secrétariat du RIFM, a aussi fait de la FMEO une vitrine de l’approche de la Forêt Modèle auprès des partenaires internationaux. Bull se souvient, entre autre, de la visite d’une délégation indonésienne avec affection.

L’organisation a également aidé à la formation de volontaires de CUSO sur le point d’être déployés dans des Forêts Modèles de pays en développement. À cet égard, l’implication de la FMEO a contribué à bâtir la réputation du réseau international.

Les années-charnières

Autour de l’an 2000, les gouvernements provinciaux et fédéraux, qui jusque-là soutenaient financièrement les Forêts Modèles canadiennes, ont commencé à se désengager. Cela a conduit à une série de transformations.

Au sein de la FMEO, certains projets prometteurs, comme l’établissement d’un centre de recherche sur les bioproduits, n’ont jamais vu le jour, malgré un travail considérable et des partenariats prometteurs avec les universités et l’industrie.

« En fin de compte, je crois que c’est une bonne chose que nous ayons cessé d’être dépendants de l’argent du gouvernement. Mais cela a définitivement créé de la turbulence. Nous avons du abandonner des projets, des antennes sur le terrain et de l’expertise. Nous devions nous adapter et identifier nos priorités », explique Bull.

Cependant, alors que les gouvernements fédéraux et provinciaux ont réduit leur participation, de nouveaux alliés se sont manifestés.

Jim McCready explique: « La ville d’Ottawa avait auparavant un seul forestier dans son équipe. Il y en a maintenant sept. Les gouvernements municipaux et les administrations de comté sont bien conscients de la nécessité de valoriser et de traiter les problèmes de leur environnement naturel, de leurs forêts urbaines, et l’électorat veut savoir ce qu’ils font pour mieux les préserver et les gérer. Cela a augmenté nos interactions avec les gouvernements municipaux urbains. »

Le changement le plus important est néanmoins survenu lorsque la FMEO s’est intéressée à la certification forestière en facilitant l’introduction de ce programme aux petits propriétaires de boisés.

Jusque-là, la certification éthique du bois ne s’appliquait qu’aux grands domaines, et au Canada en particulier aux Terres de la Couronne, propriétés du gouvernement et exploitées par des enreprises privés.

« Beaucoup de citadins considéraient l’exploitation commerciale des forêts comme quelque chose de fondamentalement négatif. En nous engageant avec une certification éthique, durable et reconnue, comme le Forest Stewardship Council (FSC), nos membres ont pu démontrer et éduquer à notre engagement commun envers des forêts saines, de façons transparente », explique McCready.

Bull explique en outre: « Cela nous a aidés à favoriser une compréhension collective: sans forêts, il n’y a pas d’industrie du bois; mais sans opportunités, il n’y a pas de durabilité. »

La FMEO a mis sur pied une forme de licence collective dans le cadre de laquelle les propriétaires de lots boisés individuels font l’objet d’une vérification annuelle en alternance, et des audits plus approfondis ont lieu tous les cinq ans. Cette forme de licence permet aux propriétaires de lots de partager le coût et le fardeau de la conformité aux normes.

Il a également donné à la FMEO une nouvelle vitalité et un nouveau but dans un contexte en évolution rapide. En fait, cette licence collective entraîne un changement majeur dans le paysage, qui comprend maintenant de nombreux partenaires dans le sud de l’Ontario, au-delà de ses limites initiales.

« L’expansion des licences collectives vers le sud nous a amenés à réfléchir à la façon dont nous nous identifions. Nous sommes la seule forêt modèle en Ontario. Lorsque nous parlons avec de nouveaux partenaires plus à l’ouest, comme dans la péninsule de Bruce (au nord de Toronto, au bord du lac Huron) ou au Parc Algonquin (près de North Bay), ils se demandent pourquoi on s’appelle ‘Est de l’Ontario’ », dit McCready.

The Emerald Ash Borer

« Nous recommanderons un changement de statut à la prochaine assemblée générale annuelle, afin de suggérer que nous devenions dorénavant « la Forêt Modèle », et que nos limites soient partout où nous opérons », ajoute Bull.

L’élargissement de sa portée et de sa clientèle permettra à la FMEO de mieux s’associer à des groupes au delà de sa portée actuelle, et d’apporter son expertise et son approche au bénéfice d’une plus grande population.

Ce besoin de mieux s’engager avec les alliés dans un plus large rayon d’action est bien représenté par un autre objectif actuel de la FMEO. McCready est la personne-ressource de la FMEO au sein du Réseau régional de santé, un groupe binational qui comprend entre autre la ville d’Ottawa, et aussi l’Université Cornell, dans l’État de New York, de l’autre côté de la frontière des États-Unis.

Le Réseau régional de santé se concentre sur les espèces envahissantes, telles que l’agrile du frêne très destructeur et le champignon du flétrissement du chêne. Il fournit une formation indispensable et sert de réseau d’alerte, en gardant un œil sur les menaces entrantes telles que le longicorne asiatique.

Le regard tourné vers les 25 prochaines années

« De nombreuses femmes ont été des alliées-clefs de la FMEO, comme Sandra Lawn, ancienne mairesse de Prescott », explique Bull.

« Nous avons actuellement deux femmes sur notre conseil d’administration, sur un total de dix. Nous en avons besoin de plus », explique Jim McCready, notant que l’actuelle directrice générale, Astrid Nielsen, est une professionnelle de la foresterie hautement respectée, et jeune.

« Il y a aussi une augmentation notable de la participation des jeunes et ça parait quand nous voyons ceux qui participe à nos conférences, au séminaire de Noël et à l’AGA. Avant, c’était surtout des têtes aux cheveux grise », explique McCready. Cette augmentation d’intérêt de la part de jeunes participants lui donne de l’espoir: « Il n’y a pas beaucoup d’argent là-dedans, mais les gens veulent toujours la Forêt Modèle », dit-il.

Où ira la FMEO, à partir d’ici? McCready suggère que les programmes de compensation de carbone pourraient être dans les cartes pour l’avenir du paysage.

Bull estime que davantage d’efforts sont nécessaires pour valoriser produits ligneux et le bois local sur le marché régional: « La certification FSC du bois est ce qui nous motive et est importante pour valider nos pratiques durables, mais elle n’est pas encore aussi efficace commercialement qu’elle l’est avec les produits du papier. »

Bull souhaiterait s’allier de nouveaux partenaires, comme à l’Ottawa Homebuilders Association, ou la Commission de la capitale nationale, pour accroître la pénétration du marché local par les producteur certifiés FSC de la FMEO.

Bull rêve de développer une relation qui permettrait à Ottawa – une ville qui doit son existence à sa relation avec la forêt – de devenir une vitrine internationale pour des structures et des habitations en bois de meilleure qualité, plus durables et locales.

La prochaine AGA de la FMEO aura lieu le 13 juin 2018, à Fournier (Ontario).

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