Une Forêt Modèle est une œuvre de collaboration qui rassemble un grand nombre de personnes aux connaissances, aux compétences et aux intérêts différents qui créent ensemble une synergie permettant aux projets et aux processus d’avancer. Les Forêts Modèles amènent depuis plus de 20 ans des changements qui ont de l’effet.
L’expérience de la Forêt Modèle mène souvent à la formation de chefs de file. En fait, dans une forêt modèle, le leadership n’est pas l’affaire d’une fonction privilégiée. Les gens associés à une forêt modèle sont notamment des cadres supérieurs de sociétés forestières, des représentants de gouvernements, des représentants du milieu universitaire ainsi que les membres autochtones et communautaires qui ont considérablement contribué à l’amélioration de nos forêts et de la vie des personnes qui en dépendent. Les chefs de file d’une Forêt Modèle défendent les enjeux forestiers locaux, aident à accroître la sensibilisation à l’égard de la durabilité des forêts et œuvrent pour appuyer les collectivités locales, assurer les moyens de subsistance ruraux et protéger l’environnement.
Dans la présente série occasionnelle, nous soulignons le rôle des chefs de file qui contribuent ou ont contribué à la création et à l’exploitation de Forêts Modèles du monde entier. Ces chefs de file offrent des conseils et font part des principales leçons qu’ils ont tirées de leurs expériences au sein de la Forêt Modèle.
Nous nous rendons premièrement à la Forêt Modèle de Terre-Neuve-et-Labrador pour une entrevue avec Muhammad Nazir, l’ancien président de la Forêt Modèle et Sean Dolter, l’ancien directeur général. Les deux parlent avec beaucoup d’enthousiasme du concept de la Forêt Modèle et de sa contribution à l’aménagement durable des paysages.
SRIFM : Bonjour à vous deux! Merci d’avoir pris le temps de discuter avec nous aujourd’hui de vos expériences avec les Forêts Modèles. Pour commencer, pourriez-vous vous présenter?
Muhammad Nazir :
Je m’appelle Muhammad Nazir. Les gens me surnomment Mo Nazir et je suis l’ancien président de la Forêt Modèle de Terre-Neuve-et-Labrador, mais je m’implique depuis le tout début du concept de Forêt Modèle.
Sean Dolter :
Je suis Sean Dolter et je contribue aux Forêts Modèles depuis 1993, d’abord comme représentant d’un des partenaires de la Forêt Modèle. En 1997, j’ai réussi à obtenir un poste de planificateur principal pour la Forêt Modèle, et depuis 2007, je suis directeur général.
SRIFM : Quelles sont, selon vous, les principales leçons que votre Forêt Modèle a apprises depuis sa mise sur pied?
SD : Une des principales leçons est la capacité à rassembler des ministères ou des représentants de l’industrie traditionnellement en désaccord au sein du secteur forestier. La Forêt Modèle joue ce rôle important de défenseur impartial ou d’intermédiaire neutre et honnête pouvant réunir les organisations dans une plateforme leur permettant de discuter des valeurs communes, et même des valeurs conflictuelles, et d’élaborer des mécanismes et des stratégies visant la résolution des conflits.
MN : La Forêt Modèle a toujours considéré chaque enjeu comme s’il s’agissait d’un nouveau. Est-ce un enjeu? Est-ce un problème? Quels sont les moyens de le résoudre? Quelles disciplines doivent coopérer? Quelles ressources doivent être affectées? Quels types de compétences sont nécessaires à la résolution? Quels sont nos besoins en communication?
SD : C’est l’une des propriétés du programme qui a résisté à l’épreuve du temps. À ce jour, nous sommes appelés à nous prononcer sur des problèmes touchant la gestion forestière. Cela pourrait être lié à la forte population d’orignaux dans le parc national du Gros-Morne et aux mesures à prendre dans cette situation, mais aussi à la façon de gérer cette situation et de solliciter l’avis de la population à ce propos. Nous devons également mener des enquêtes sur les attitudes du public, négocier avec les communautés et l’industrie, et présenter les problèmes plus complexes sur un forum afin d’en discuter. Tout ceci représente des défis d’envergure, mais la Forêt Modèle a contribué à l’élaboration de la feuille de route en vue de résoudre ces problèmes.
MN : Quand des groupes sont confrontés à un problème en lien avec les forêts, la Forêt Modèle leur vient généralement en tête. La Forêt Modèle peut étudier la situation en tant qu’intervenant externe tout en apportant une nouvelle vision et en demeurant impartial. Ils réuniront les acteurs afin de discuter de l’enjeu et de concevoir des solutions pour régler le conflit.
SRIFM : Quel conseil donneriez-vous à une nouvelle Forêt Modèle émergente?
MN : D’après notre expérience, mon conseil serait que les gens demeurent ouverts d’esprit. Quand un problème survient, on doit le confronter. Il existe toujours une solution, et dans le cas d’une nouvelle Forêt Modèle, la première chose consiste à donner aux partenaires le temps de se familiariser entre eux, car un certain degré d’aisance et de respect doit être établi. Sans cette confiance et ce respect pour chaque partenaire, vous ne pourrez pas bâtir un programme cohésif ou une Forêt Modèle cohésive.
SD : Pour ma part, il s’agirait plutôt de questions et non de conseils. Pourquoi voulez-vous faire partie du Réseau de Forêts Modèles? Savez-vous qui nous sommes? Saisissez-vous notre impact à l’échelle internationale? Reconnaissez-vous que nous surmontons les différences et les diversités des influences culturelles, que ce soit sur le plan politique, social ou économique? Êtes-vous prêt à vivre selon ce que nous considérons comme étant les principes et les attributs d’une Forêt Modèle? En premier lieu, les questions. Puis, une des recommandations serait de commencer avec les gens et les enjeux. Ne dites pas aux gens ce qu’ils doivent être, mais demandez-leur plutôt ce qu’ils souhaitent être.
SRIFM : Quels sont vos plus beaux souvenirs de votre participation aux Forêts Modèles?
SD : Mes plus beaux souvenirs sont liés au fait de pouvoir m’asseoir et d’établir des liens avec les gens afin de mieux connaître leurs problèmes. Nous discutons et argumentons de bonne foi, mais nous partageons aussi de nombreuses bonnes idées.
MN : Ma plus grande fierté et mon meilleur souvenir consistaient à voir les gens qui œuvraient au sein de la Forêt Modèle, plus particulièrement ceux qui travaillaient sous ma direction, développer le concept, adhérer aux idées, s’épanouir dans leurs professions et exceller dans leur carrière.
SD : Un autre beau souvenir est de voir un projet fonctionner et constater que la réalisation est possible grâce aux autres, qu’il s’agisse d’un membre de la communauté, d’un politicien, d’une ONG ou d’un groupe environnemental, et qu’ils affirment : « Bon travail. Vous avez fait du bon travail. Nous n’aurions pas pu y arriver sans vous. »
SRIFM : Aimeriez-vous ajouter quelque chose sur les Forêts Modèles ou le Réseau international?
MN : Je crois que la Forêt Modèle est un merveilleux concept en soi. Pas seulement le Réseau canadien, mais le Réseau international de Forêts Modèles. Le Canada doit être reconnu pour le leadership dont il a fait preuve. Les Forêts Modèles fournissent aux partenaires un contexte dans lequel ils peuvent se rassembler. C’est un modèle qui permet aux gens de sortir des sentiers battus, que ce soit au Canada, à Terre-Neuve-et-Labrador ou dans tout pays hébergeant une Forêt Modèle. Il peut prendre plusieurs formes, mais les éléments de base de ce modèle seront valides encore bien longtemps. Les individus font les choses à leur façon et sont généralement confinés dans cette façon de faire, sur le plan politique ou administratif, entre autres. Les Forêts Modèles vous libèrent de ces barrières, et c’est ce qui en fait toute la beauté.
Pour de plus amples informations sur le Réseau international de Forêts Modèles, visitez rifm.net