Célébrons la Journée internationale des forêts et les résultats du projet EcoAdapt

mars 21, 2016 | Written BY : admin_test

Réseau international de Forêts Modèles

Le 21 mars est la Journée internationale des forêts des Nations Unies qui célèbre les nombreuses manières dont les forêts et les arbres nous protègent et assurent notre subsistance. Cette année, l’objectif est de faire prendre conscience à quel point les forêts sont importantes pour la préservation de la réserve d’eau de la planète, si essentielle pour la vie de tous ses habitants.  Par conséquent, nous avons pensé que cela offrait une bonne occasion de souligner les excellents résultats et leçons apprises du projet EcoAdapt « Stratégies et innovations fondées sur les écosystèmes en matière de réseaux de gouvernance de l’eau pour l’adaptation aux changements climatiques dans les paysages d’Amérique latine » qui ont récemment été publiés dans la page documentaire no 30 de l’IUFRO (International Union of Forest Research Organizations). Nous avons extrait le texte suivant du rapport. La référence complète se trouve à la fin du présent article.

Le projet EcoAdapt, fondé par la Commission européenne en vertu de son programme de recherche FP7, a été une entreprise conjointe de quatre organisations de recherche et cinq organisations de la société civile d’Europe et d’Amérique latine. Ce projet de recherche collaboratif axé sur l’action a eu lieu dans trois forêts modèles (FM) en Amérique latine — Jujuy en Argentine, Chiquitano en Bolivie et Araucarias Altos de Malleco au Chili — en raison, principalement, de l’existence de réseaux d’intervenants actifs dans ces paysages. Le projet a mis l’accent sur l’identification et la mise en œuvre de mesures qui permettraient de rehausser la sécurité de l’eau pour le développement local à long terme sous l’influence des changements climatiques. La mise en œuvre de ce projet a eu lieu dans un environnement stimulant où l’urgence d’améliorer les moyens de subsistance des habitants locaux faisait concurrence à la nécessité de générer de nouvelles connaissances scientifiques. La crainte de futurs conflits relativement à l’eau a été l’une des raisons de choisir l’eau et les services des écosystèmes des bassins versants comme thème central du projet.

Résultats et leçons apprises

La création et l’échange de connaissances ont été au cœur du projet EcoAdapt. Son but était d’influer sur les processus de gestion de l’eau par le biais du développement des capacités, du partage des connaissances, de la prévention et de l’atténuation des conflits et de la promotion de la collaboration entre les acteurs locaux et nationaux. Tous les intervenants, incluant les peuples autochtones et ruraux, se sont joints au projet pour apprendre sur le sujet ainsi que pour discuter des mesures à prendre pour améliorer la situation dans le futur.

Dans la Forêt Modèle de Chiquitano, en Bolivie, les participants ont reconnu la nécessité de s’occuper de la conservation et de la remise en état des ressources en eau. Des groupes urbains et des autorités municipales ont proposé de remettre en état le barrage qui approvisionne en eau la population urbaine de la municipalité de Concepcion et le bassin versant Zapoco, et d’en assurer l’entretien. Cependant, la remise en état du barrage n’intéressait pas les collectivités rurales parce que celles-ci n’en retirent par d’avantages : l’eau est de piètre qualité et en quantité insuffisante, et l’infrastructure d’eau potable dans les régions rurales est en mauvais état. Il était donc essentiel de jeter des ponts entre ces deux intérêts pour permettre la mise en œuvre d’une approche de gestion partagée du bassin versant, qu’ils ont élaborée.

Dans la Forêt Modèle Aracaurias del Alto Malleco du Chili, on a effectué un examen approfondi des changements d’utilisation de l’eau au cours des 30 dernières années, notamment, la production d’électricité, des changements dans l’utilisation des terres, des projets d’irrigation (pour l’agriculture, le bétail, les pêches, la foresterie) et des projets ruraux d’approvisionnement en eau potable. C’est l’accès inégal à l’eau parmi les différents types d’utilisations et d’utilisateurs qui a soulevé le débat le plus vif. Il s’agissait de la relation entre l’utilisation des terres et les méthodes de production d’une part et les efforts de conservation d’autre part. Les répercussions de l’activité agricole sur le cycle de l’eau ont également été soulevées au titre des préoccupations.

Dans la Forêt Modèle Jujuy d’Argentine, les représentants locaux ont graduellement élaboré un plan d’adaptation aux changements climatiques relativement au barrage et au réservoir de « Los Diques ». Les intervenants ont convenu de se servir de l’écotourisme comme tremplin pour améliorer et assurer la qualité de l’eau au barrage. Ils ont obtenu un soutien social et institutionnel important pour la mise en œuvre de règlements provinciaux associés à la zone protégée entourant le barrage, ils ont proposé des mesures incitatives combinant économie et écologie et ont fait une utilisation optimale des capacités et des ressources humaines et institutionnelles.

Voici certaines des leçons apprises de ces trois projets.

Sur le processus :

  1. Les efforts consentis pour bâtir des plateformes regroupant de multiples acteurs et pour créer des conditions de coopération entre les intervenants ont été rentables, car ils ont contribué à établir la confiance, une vision et un langage communs, à définir les rôles et le partage des tâches et à réduire les coûts des futures transactions.
  2. Les plateformes multiacteurs sont nées d’un processus ascendant, elles ont responsabilisé les acteurs dans le paysage et assuré l’influence et les effets à long terme du processus auquel ils ont participé.
  3. Le projet, ainsi que le processus de dialogue, était complexe, et on a dû les simplifier et les rendre plus faciles à gérer. Car autrement, les gens se seraient sentis submergés et auraient été paralysés par leur complexité.
  4. Le processus d’apprentissage est tout aussi important que le contenu. Cela s’applique à la conscientisation aux changements climatiques.

Sur la politique :

  1.  Il est essentiel d’améliorer la gouvernance en matière d’eau et de créer des règles plus efficaces et plus équitables en ce qui concerne l’accès aux ressources en eau de plus en plus rares, ainsi que leur utilisation et la distribution.
  2. La mise en œuvre de politique et de lois sans racines dans la société civile et sans soutien de sa part n’est pas très efficace, et les effets de mesures sur le terrain prises sans appui légal et politique sont plutôt limités.

Sur le terrain :

  1. Les chances de succès des actions menées à l’échelle du paysage (bassins versants, écosystèmes) sont plus grandes lorsque ces actions sont appuyées par des activités de production écologiques dans les fermes et les collectivités.
  2. L’adaptation aux changements climatiques consiste à réduire la vulnérabilité et à accroître la résilience des personnes et des groupes, ainsi que de leurs écosystèmes biophysiques.
  3. Les pratiques agricoles doivent promouvoir la conservation du sol et de l’eau afin d’empêcher le ruissellement et d’accroître la rétention de l’humidité dans le sol. Cela réduit l’occurrence d’inondations et de sécheresses.. L’agriculture doit à la fois demeurer viable sur le plan économique et contribuer à l’atténuation des changements climatiques.

En conclusion…

La principale force d’entraînement pour une action locale concertée a été de résoudre les besoins immédiats ressentis et partagés à l’échelle locale en matière de développement, tels qu’assurer l’accès à l’eau, à la nourriture, aux fibres, à la santé et aux moyens de subsistance.   Ces éléments ont également contribué au renforcement des capacités locales à s’adapter aux changements futurs. Par conséquent, la relation entre les buts de l’adaptation aux changements climatiques et le développement local n’est pas linéaire, mais plutôt interactive. Cela se doit de devenir une importante considération lorsqu’on propose des plans d’ensemble et des mesures pilotes sur les changements climatiques à mesure que les forêts modèles s’investissent davantage dans les activités relatives aux changements climatiques.

Le concept de paysages adaptés au climat se dessine comme un nouveau concept qui englobe tous les différents aspects de la gestion des ressources naturelles en fonction du climat et d’autres éléments menaçants. Les trois forêts modèles participant à EcoAdapt commencent à présenter des caractéristiques qui correspondent bien à ce concept et pourraient devenir des exemples intéressants de son application.

Pour de plus amples renseignements :
Page documentaire no 30 de l’IUFRO : Creating and Sharing New Knowledge Through Joint Learning on Water Governance and Climate Change Adaptation in Three Latin American Model Forests: The EcoAdapt Case (en anglais seulement).
Auteurs :
Kees Prins, IUFRO (prins@catie.ac.cr)
Alejandra Cáu Cattán, IUFRO (acaucattan@gmail.com)
Nataly Azcarrúnz, IUFRO (nascarrunz@gmail.com)
Alejandra Real, IUFRO-CONAF (alejandra.real@conaf.cl)
Lorena Villagron, IUFRO (lvilugro@yahoo.es)
Grégoire Leclerc, CIRAD (gregoire.leclerc@cirad.fr)
Raffaele Vignola, CATIE (rvignola@catie.ac.cr)
Mariela Morales, CATIE (moralesm@catie.ac.cr)
Bastiaan Louman, IUFRO (blouman@catie.ac.cr)

Réseau ibéro-américain de forêts modèles : http://www.bosquesmodelo.net/en/publicaciones-del-proyecto-ecoadapt/

Crédit photo: site Web du programme EcoAdapt

 

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