Frida Zoa, Janneke Romijn et Tony Aseh
La culture des Pygmées Bagyeli est fondée sur la chasse et la cueillette de fruits et d’ignames sauvages des riches forêts tropicales du Cameroun. Cependant, l’exploitation forestière et agricole intensive a contraint nombre de Bagyeli à renoncer à leur mode de vie traditionnel et nomade et à émigrer vers les villes où leurs compétences sont en fait de bien peu d’utilité. Au fil du temps, alors que les étrangers ont profité des ressources forestières, les Bagyeli, quant à eux, ont perdu leurs droits ainsi que leurs rapports traditionnels avec la terre.
Or, le développement économique et la conservation des ressources forestières de forêt ne doivent pas être des buts mutuellement exclusifs. Aussi les partenaires locaux espèrent-ils que la forêt modèle de Campo-Ma’an en tant que cadre de dialogue et de transparence contribuera à la résolution du conflit ainsi qu’à l’adoption de pratiques d’aménagement forestier plus responsables. À cette fin, la forêt modèle de Campo-Ma’an a tenu son premier atelier des partenaires à Ebolowa, au sud du Cameroun, en janvier de cette année.
« La conservation de la forêt est une tâche que nous devons accomplir ensemble » de dire Vincent Ovono, un Bagyeli. Pendant l’atelier, Ovono a présenté, au nom de sa tribu, un document stratégique indiquant la façon dont les Bagyeli voudraient contribuer à la gestion durable des forêts et en bénéficier, notamment des possibilités d’écotourisme et des aires pour l’agroforesterie. Pour les Bagyeli nomades, la forêt modèle offre une voie vers un avenir durable dans des forêts qu’ils considèrent comme leur chez-soi.
Dans l’intérêt de tous
L’atelier d’Ebolowa, appuyé par le Secrétariat du RIFM et le Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR), a fourni à tous les partenaires une tribune pour discuter de la structure organisationnelle de la forêt modèle et pour valider la proposition du site. Il visait :
Les résultats de la rencontre de deux jours étaient positifs et productifs. L’élection d’un président, d’un vice-président, d’un secrétaire, d’un vice-secrétaire, d’un trésorier, d’un vérificateur et de conseillers signifie d’ailleurs que le feu vert est donné pour l’élaboration du projet.
Aux dires de Chimère Diaw, le coordonnateur régional du programmes sur les forêts et la gouvernance de CIFOR, « les forêts modèles réunissent les gens afin qu’ils décident ensemble et qu’ils agissent ensemble dans l’intérêt de tous. Tout le monde a sa place ou – devrais-je dire – prend sa place dans la forêt modèle, des « grands » comme des « petits » et des femmes comme des hommes. »
Des représentants du CIFOR, du ministère des Forêts et de la Faune du Cameroun, des organisations internationales comme l’UICN et la SNV, des ONG locales, du Programme des femmes, de l’agro-industrie, du secteur privé, de la société civile, de l’administration territoriale et des médias, ainsi que des collectivités et des chefs traditionnels de la région Campo Ma’an étaient au nombre des partenaires présents à l’atelier d’Ebolowa, lequel a été présidé par le gouverneur de la province du Sud.
Le Cameroun qui a deux sites de forêt modèle – Campo-Ma’an et Dja-Mpomo – a adhéré au RIFM en 2005. L’établissement des forêts modèles au Cameroun est d’ailleurs appuyé par le Secrétariat du RIFM par le biais de CIFOR.
Pour en savoir davantage, veuillez communiquer avec Patrick Nyemeck (CIFOR) à p.nyemeck@cgiar.org.