Grâce à un partenariat entre l’Organization des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Réseau international de Forêts Modèles (RIFM), un manuel du praticien sur les forêts pour la réduction des risques de catastrophes basée sur les écosystèmes (éco-RRC) est en cours d’élaboration. Ce manuel, qui devrait être publié en 2024, sera conçu comme une ressource accessible permettant d’accroître l’adoption des principes et des pratiques décrits dans les directives volontaires de la CDB. Pour ce faire, le manuel sera axé sur du matériel visuel, annoté et interactif, et mettra l’accent sur des études de cas narratives de quelques Forêts Modèles pour illustrer des exemples sur le terrain. Le manuel sera disponible en trois langues : français, espagnol et anglais.
Contexte
Au cours des deux dernières décennies, les conséquences des catastrophes ont été dévastatrices, touchant plus de 4 milliards de personnes, causant plus d’un million de morts et atteignant un coût économique d’environ 2 000 milliards de dollars. Les catastrophes exacerbent l’iniquité et affectent les pays les plus vulnérables, et certaines populations, comme les groupes marginalisés, dont les femmes. L’accélération des changements climatiques fera probablement augmenter la fréquence et la gravité des catastrophes naturelles au cours des prochaines décennies, ce qui entraînera des morts et des pertes supplémentaires.
La gestion des risques de catastrophes s’appuie sur les mesures à prendre pour réduire la vulnérabilité et renforcer la résilience aux catastrophes naturelles, permettant aux individus, aux communautés locales et aux pays de renforcer leur résilience et, ainsi, de mieux protéger les vies humaines et les biens. Parallèlement, les gouvernements peuvent également réduire le risque de catastrophes en mettant en place des politiques et des interventions adaptées dans l’aménagement des paysages. Dans un tel contexte, il y a une demande croissante de solutions fondées sur la nature pour assurer une meilleure gestion des catastrophes naturelles et des impacts des changements climatiques, tout en soutenant les efforts visant à bâtir la résilience de manière durable et équitable dans les pays en développement vulnérables.
De nos jours, plusieurs mécanismes, cadres d’action ou autres outils facilitants intègrent de plus en plus la nature comme composante clé d’accélération des mesures à prendre pour réduire les risques de catastrophes (RRC), par exemple :
Les forêts jouent un rôle crucial de RRC, non seulement en atténuant les risques, mais également en offrant d’autres avantages aux collectivités sur le plan des revenus, de la culture et de la résilience. Les forêts contribuent à la réduction des risques de catastrophes basée sur les écosystèmes (éco-RRC), qui a été définie en 2013 comme la gestion durable, la préservation et le rétablissement des écosystèmes pour assurer les fonctions qui réduisent les risques de catastrophes en atténuant les dangers et en augmentant la résilience des moyens de subsistance.
S’appuyant sur un projet connexe de la FAO
En octobre 2020, le projet de la FAO Enhancing community resilience to climate change in mountain watersheds, visant à améliorer la résilience aux changements climatiques des communautés des bassins versants montagneux, a été lancé grâce à l’aide financière du ministre de l’Agriculture, de la Foresterie et des Pêcheries du Japon (durée du projet : octobre 2020 à septembre 2024, budget : 1,7 million de dollars américains). Ce projet vise à renforcer les capacités techniques des institutions et des communautés au Pérou et aux Philippines à intégrer l’aménagement forestier et d’autres approches d’éco-RRC.
En novembre 2021, ce projet de la FAO a étendu ses activités à l’échelle mondiale, lui permettant ainsi d’élaborer des produits adaptés aux partenaires au-delà de la région initialement définie par le projet (notamment, par l’élaboration de lignes directrices).
Voici quelques exemples d’interventions et/ou de mesures d’adaptation écosystémique (EbA) et d’éco-RRC :
Les leçons tirées des 30 ans du Réseau international de Forêts Modèles (RIFM)
Le Réseau international de Forêts Modèles (RIFM) compte plus de trois décennies d’expérience en matière de gouvernance participative de gestion forestière à l’échelle du paysage pour aborder des thématiques comme la mobilisation des peuples autochtones, la valorisation des moyens de subsistance, l’adaptation aux changements climatiques, la prévention et la détection des feux de forêt, l’aménagement forestier durable et la préservation de la biodiversité. Le RFIM est une communauté de pratiques volontaire et mondiale, dont les membres et les partisans travaillent à la gestion durable des paysages forestiers et des ressources naturelles en appliquant l’approche de Forêt Modèle.
Une Forêt Modèle peut être décrite comme un paysage à grande échelle englobant différentes utilisations des terres; une méthode spécifique de gestion durable des forêts, fondée sur le partenariat; et un processus à long terme qui adhère à un vaste ensemble de principes pour promouvoir la durabilité. L’approche de Forêt Modèle s’appuie sur six grands principes, fondés sur la souplesse de gestion du paysage et de l’écosystème, combinant les besoins sociaux, environnementaux et économiques des collectivités locales avec la durabilité à long terme des grands paysages.
La FAO s’est adressée au Secrétariat du RIFM, notamment, en raison des expériences communiquées par les organisations dans la publication de 2011, intitulée Voies vers la résilience au changement climatique: Un guide pour les communautés canadiennes basées sur la forêt. L’intérêt exprimé portait sur la façon dont le RIFM pouvait éclairer et voir l’élaboration d’un guide pratique sur le rôle des forêts pour la réduction des risques basée sur les écosystèmes (éco-RRC).
Le Secrétariat du RIFM et la FAO sont heureux du partenariat établi avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à titre d’organisme principal et auteur ayant l’expertise en matière d’éco-RRC, les capacités multilinguistiques et l’adhésion des membres de réseaux de diverses échelles, comme les Amis de l’adaptation basée sur les écosystèmes (Friends of Ecosystem-based Adaptation /FEBA) et le PERRC (Partenariat pour l’environnement et la réduction des risques de catastrophes).
Éco-RRC et UICN : Intégration de solutions fondées sur la nature dans les stratégies de réduction des risques de catastrophes partout dans le monde
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) est une union de membres composée de gouvernements et d’organisations de la société civile. Elle tire profit de l’expérience, des ressources et de la portée de ses plus de 1400 organisations membres et des contributions de plus de 18 000 experts. Cette diversité et cette vaste expertise font de l’UICN l’autorité mondiale en matière de statut du monde naturel et des mesures nécessaires pour le sauvegarder. L’UICN est particulièrement bien placée pour s’attaquer aux éléments multifactoriels qui induisent les risques de catastrophes et fait valoir les solutions fondées sur la nature pour les réduire. Ses efforts visent la gestion durable des écosystèmes, les moyens de subsistance, la vulnérabilité des collectivités, l’adaptation aux changements climatiques et la gestion des catastrophes. L’UICN est présente à l’échelle mondiale et possède une expertise pointue dans les domaines particulièrement pertinents en matière de réduction des risques de catastrophes comme la gestion des forêts, des bassins versants et des zones marines et côtières, la gouvernance environnementale et les droits de la personne liés aux enjeux environnementaux.
Depuis 2008, l’UICN est membre du Partenariat pour l’environnement et la réduction des risques de catastrophes (PERRC) – un partenariat mondial regroupant des agences de l’ONU, des ONG internationales et régionales ainsi que des instituts spécialisés qui visent collectivement à influencer les politiques, améliorer et mieux coordonner la mise en œuvre des efforts relatifs à la gestion de l’environnement pour la réduction des risques de catastrophes, à l’adaptation aux changements climatiques et à la durabilité des moyens de subsistance. Elle promeut la gestion des écosystèmes comme stratégie clé de réduction des risques de catastrophes, d’amélioration de la résilience locale et de l’adaptation aux changements climatiques.
Les Amis de l’adaptation basée sur l’écosystème (FEBA) est un réseau collaboratif mondial regroupant plus de 80 agences et organisations impliquées dans l’adaptation écosystémique (EbA) qui travaillent ensemble pour communiquer leurs expériences et leurs connaissances, améliorer la mise en place de l’EbA axée sur les activités concrètes et acquérir des connaissances plus solides et stratégiques afin d’influencer les politiques visant l’EbA. Les organisations participantes œuvrant dans le domaine de l’adaptation écosystémique se sont regroupées pour réfléchir aux éventuelles mesures à prendre, échanger des connaissances, promouvoir l’intégration de l’EbA dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris et évaluer l’efficacité des approches d’EbA, et contribuent ainsi efficacement à la durabilité de la résilience au climat, tant humaine qu’écosystémique.
Le FEBA veille à synthétiser les connaissances des multiples partenaires sur l’EbA, disséminer ces connaissances en rassemblant la communauté mondiale de l’EbA autour d’activités de haut niveau, d’ateliers techniques et de groupes de travail d’experts et comprendre l’EbA dans les processus d’analyse de l’adaptation et les cadres multilatéraux d’action politique. La COP de la CDB reconnaît le FEBA comme partenaire clé pour « soutenir les Parties dans leurs efforts prodigués pour promouvoir des approches écosystémiques d’adaptation aux changements climatiques » (Décision 14/5). L’UICN agit comme Secrétariat du FEBA.
Pour en savoir plus et suivre nos prochaines étapes : www.rifm.net